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Page:Hegel - Système des beaux-arts, t. 1, trad. Bénard, 1860.djvu/393

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peinture.

mour des anges qui, à la Naissance et dans plusieurs autres scènes, sont prosternés en adoration devant le Christ, plongés dans une méditation sérieuse, ou pénétrés d’une joie innocente et sereine. Dans toutes ces situations, la peinture, en particulier, représente la paix et la parfaite satisfaction de l’amour.

Mais cette paix est suivie de douleurs d’autant plus profondes. Marie voit le Christ porter sa croix ; elle le voit souffrir et mourir sur la croix, en descendre et être mis dans le tombeau. Nulles souffrances ne sont à comparer aux siennes. Cependant, au milieu de telles angoisses, on chercherait vainement cette raideur immobile que peut produire la douleur, ou la simple résignation, ou enfin des plaintes contre l’injustice du sort ; de sorte qu’ici la comparaison avec la douleur de Niobé offre une différence caractéristique.

Niobé aussi a perdu tous ses enfants ; elle conserve simplement de la grandeur et une inaltérable beauté. Ce qui se maintient en elle, c’est le côté extérieur de l’existence ; c’est, dans cette infortunée, la beauté devenue sa nature même et qui s’identifie avec son être tout entier. Cette individualité visible reste, dans sa beauté, ce qu’elle était ; mais son intérieur, son cœur, ont perdu le fond entier de son amour, de son ame. Son individualité et sa beauté ne peuvent que se pétrifier. La. douleur de Marie a un tout autre caractère. Elle ne reste point insensible, elle sent le glaive qui traverse son ame. Son cœur est brisé, mais non