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Page:Hegel - Système des beaux-arts, t. 1, trad. Bénard, 1860.djvu/397

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peinture.

bien qu’ils aient l’air de portraits, leur expression ne renferme rien autre chose que la confiance en Dieu, de cette paix de l’amour divin. Cependant, il en est déjà autrement chez les anciens maîtres allemands et flamands. Le sujet du tableau de la cathédrale de Cologne, par exemple, c’est l’Adoration des Rois Mages, et la patronne de Cologne. (C’était aussi un sujet de prédilection dans l’école de Van-Eyck.) Or, ici, les figures en prières sont souvent des personnages connus, des princes ; c’est ainsi, par exemple, que dans la fameuse Adoration que l’on voit chez les frères Boisserée, et qui est donnée pour être un ouvrage de Van-Eyck, on a voulu reconnaître le roi Philippe de Bourgogne et Charles-le-Hardi. On voit, à l’aspect de ces figures, qu’elles sont encore autre chose que ce qu’elles annoncent, qu’elles ne viennent, en quelque sorte, à la messe que le dimanche ou de grand matin, que le reste de la semaine ou de la journée, elles vaquent à d’autres affaires. En particulier, dans les tableaux flamands ou allemands, ce sont les donataires, de pieux chevaliers, des mères de famille pleines de dévotion, avec leurs fils et leurs filles. Elles ressemblent à Marthe qui va et vient dans la maison, s’occupe aussi des soins matériels, et non à Marie qui a choisi la meilleure part. Leur piété ne manque pas, il est vrai, de profondeur mystique et de sentiment ; mais ce n’est pas le chant de l’amour, qui, chez les autres, s’exhale de l’ame tout entière, et n’est ni une sim-