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Page:Hegel - Système des beaux-arts, t. 1, trad. Bénard, 1860.djvu/402

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fond romantique de la peinture.

conciliation avec Dieu, qu’après avoir déjà traversé les douleurs du sacrifice et du renoncement, ils désirent recommencer le sacrifice et se soumettre de nouveau aux rigueurs de la pénitence.

Ici, maintenant, on peut prendre un double point de départ. Si, en effet, l’artiste choisit pour personnages, ces naturels gais, pleins de liberté, de sérénité, de résolution, qui savent prendre facilement la vie et les liens qu’elle impose, comme y renoncer avec une égale facilité ; à ces caractères s’associent aussi une noblesse naturelle, la grâce, l’enjouement, la liberté, la beauté de la forme. Si, au contraire, ce sont de ces natures opiniâtres, mélancoliques, rudes, étroites, pour en triompher, il faut aussi une rude violence, qui arrache l’esprit aux sens et à la terre, gagne ces cœurs à la religion et au salut. Avec cette dureté de caractère, s’introduisent, dès-lors, la rudesse des formes, l’énergie et la fermeté ; les cicatrices des coups qui ont dû être infligés à cette nature rebelle, sont plus visibles, plus profondes, et la beauté des formes est négligée.

En troisième lieu, on peut encore prendre pour sujet immédiat le côté positif de la rédemption, la glorification par la douleur, la sainteté obtenue par la pénitence, sujet d’ailleurs où il est facile de s’égarer. —

Tels sont les éléments principaux de l’idéal spirituel absolu, comme constituant le fond essentiel sur lequel s’exerce la peinture romantique. C’est le sujet