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Page:Hegel - Système des beaux-arts, t. 1, trad. Bénard, 1860.djvu/447

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peinture.

sition que l’expression du visage et les attitudes du corps ; et si elle se laisse aller exclusivement à la tendance à proprement parler lyrique, elle méconnaît ses moyens. Car, à quelque point qu’elle exprime la passion intérieure et le sentiment dans le jeu de la physionomie et par les mouvements du corps, cette expression n’est toujours pas celle du sentiment en soi, c’est seulement son expression dans une manifestation, une circonstance, une action déterminée. Par cela même qu’elle le représente dans l’extérieur, elle n’a plus le sens abstrait de rendre visible l’intérieur par la physionomie et la forme du corps. Cette forme extérieure, par laquelle elle exprime l’intérieur, c’est précisément une situation, c’est la passion dans une action déterminée qui seule explique le sentiment et le fait reconnaître. Si, par conséquent, l’on fait consister le côté poétique, dans la peinture, en ce qu’elle doit exprimer le sentiment intérieur immédiatement, sans motif précis et sans action,par les traits du visage et le maintien du corps, c’est alors ramener la peinture à une abstraction dont elle doit précisément triompher, et lui demander d’envahir le domaine propre de la poésie ; ose-telle en faire l’essai, elle tombe dans la sécheresse ou la fadeur.

J’insiste sur ce point, parce que, dans la dernière exposition (1828), on a beaucoup vanté plusieurs tableaux de ce qu’on appelle l’École de Dusseldorf, dont les auteurs, malgré beaucoup d’intelligence et