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Page:Hegel - Système des beaux-arts, t. 1, trad. Bénard, 1860.djvu/460

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de la caractérisation.

sens nouveau, le caractéristique. On a, sous ce rapport, fait du caractéristique le signe distinctif de l’art moderne en opposition avec l’art antique ; et dans la signification que nous voulons donner ici à ce mot, cette différence, sans doute, ne manque pas de justesse. Soumis à la mesure moderne, Jupiter, Apollon, Diane, etc. ne sont pas, à proprement parler, des caractères, quoique nous devions les admirer comme ces hautes individualités, types éternels de l’idéal plastique. Dans l’Achille homérique, dans l’Agamemnon, la Clytemnestre d’Eschyle, dans Ulysse, Antigone, Ismène, etc., tels que Sophocle, nous les montre développant leur caractère intime dans leurs paroles et leurs actions, apparaît déjà une individualité plus déterminée, sur laquelle ces personnages s’appuient comme sur quelque chose qui convient à leur essence. Si donc l’on veut nommer cela caractère, on trouve aussi des caractères représentés dans l’art antique. Mais dans Agamemnon, Ajax, Ulysse, etc., le caractère, tout particulier qu’il est, conserve encore une certaine généralité. C’est le caractère d’un prince, l’orgueil guerrier, la ruse dans une détermination abstraite. L’individuel se combine étroitement avec le général ; le caractère s’élève ainsi à l’individualité idéale. La peinture, au contraire, qui ne ramène pas le caractère particulier à ce degré d’idéalité, développe précisément le côté multiple et même accidentel de la particularité. De sorte qu’au lieu de cet idéal plastique des dieux et