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Page:Hegel - Système des beaux-arts, t. 1, trad. Bénard, 1860.djvu/488

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son développement historique.

sérieuse de la conception. Plusieurs tableaux de ce temps peuvent, à la vérité, avoir quelque chose qui nous choque, sous le rapport des couleurs, du groupement des figures et du dessin, parce que les formes de la vitalité, qui sont employés dans la représentation du sentiment religieux le plus intime et le plus profond, ne paraissent pas encore parfaitement convenables pour cette expression. Néanmoins, quant au sens spirituel qui a engendré ces œuvres d’art, la naïve pureté, la fidélité qui s’allient à la profondeur la plus intime du véritable sentiment religieux, la sincérité de la foi, la constance de l’amour, même dans les angoisses de la douleur, et, souvent aussi, la grâce de l’innocence et de la sainteté, sont d’autant plus difficiles à méconnaître que, si les époques suivantes sont plus avancées par d’autres côtés de la perfection artistique, elles le cèdent à celle-ci par ces avantages originels, qui une fois perdus ne se retrouvent plus.

Un troisième point s’ajoute ensuite aux précédents, et constitue un nouveau progrès : il consiste dans une plus grande extension accordée aux objets qu’un esprit nouveau fait entrer dans la représentation. On a vu comment le saint, dans la peinture italienne, s’était déjà naturellement rapproché du profane, par cela seul que des personnages qui se trouvaient eux-mêmes rapprochés du siècle des peintres avaient été regardés comme saints. Or, l’art attira aussi, par-là, dans son domaine, tous les objets du monde réel et