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Page:Hegel - Système des beaux-arts, t. 2, trad. Bénard, 1860.djvu/269

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poésie.

c’est, en partie, un effet de l’habitude que nous avons de nous représenter comme parlé ce qui est lu, en partie par cette raison que la poésie, seule entre tous les arts, est déjà complète pour l’esprit par ses côtés essentiels, et qu’elle ne s’adresse pas réellement aux sens, soit à la vue, soit à l’ouïe. Cependant, précisément à cause de cette spiritualité, comme art, elle ne doit pas entièrement écarter le côté de la manifestation réelle, si elle ne veut pas tomber dans une imperfection semblable à celle, par exemple, d’un simple dessin qui doit remplacer les tableaux d’un grand coloriste.

III. Comme art universel, la poésie n’est soumise à aucun mode particulier de développement résultant de l’emploi de ses matériaux. Aussi, n’emprunte-t-elle le principe de division qui sert à établir les différente genres de poésie qu’à l’idée générale de la représentation artistique.

1o Sous ce rapport, d’abord elle représente le monde moral tout entier sous la forme de la réalité extérieure. Par là, elle reproduit en soi le principe des arts figuratifs qui offrent à nos regards les objets extérieurs eux-mêmes. Ensuite, cette image, pour ainsi dire sculpturale, qu’elle présente à notre esprit, elle la développe d’une manière déterminée par l’action des hommes et des dieux ; de sorte que tout ce qui arrive procède à la fois de puissances morales, soit divines, soit humaines, et d’obstacles extérieurs qui réagissent sur l’action et en retardent la marche. Cette action prend, dès lors, la forme d’un évé-