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Page:Hegel - Système des beaux-arts, t. 2, trad. Bénard, 1860.djvu/33

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musique.

extérieurs, quoique de son côté elle ne puisse atteindre à la plasticité claire de la sculpture et de la peinture, ni à la profondeur sentimentale de la musique. Ce qui l’oblige, pour y suppléer, à faire un appel à la perception même des objets et à la connaissance que nous avons des sentiments indépendamment de la parole.

Mais, en troisième lieu, la musique ne conserve pas cette indépendance vis-à-vis de la poésie et de la pensée proprement dite ; elle se marie avec un sujet déjà complètement traité par la poésie, et qui s’offre comme une suite d’impressions, de pensées, d’événements et d’actions clairement exprimées. Cependant, si le côté musical d’une telle œuvre d’art doit rester le côté dominant, la poésie, comme poëme, drame, etc., ne doit pas apparaître avec la prétention de revendiquer pour elle-même une valeur égale. En général, dans une pareille alliance de la poésie et de la musique, la prédominance de l’un des deux arts est préjudiciable à l’autre. Si, par conséquent, le texte, comme œuvre de poésie, est, en soi, d’une valeur parfaitement indépendante, il ne doit attendre de la musique qu’une médiocre assistance. C’est ainsi, par exemple, que la musique, dans les chœurs dramatiques des anciens, était un simple accompagnement, un accessoire. Mais, si, au contraire, elle réclame le rang d’une chose qui a sa valeur propre et son indépendance, le texte poétique ne peut être que superficiel et doit se borner à exprimer des sentiments généraux, das pensées et des images également générales. Les développements poétiques de pensées