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Page:Hegel - Système des beaux-arts, t. 2, trad. Bénard, 1860.djvu/35

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musique.

alors s’en dédommagent en causant. — Même dans la musique d’église, le texte est, la plupart du temps, ou un Credo connu, ou un morceau formé de passages extraits des psaumes. De sorte que les paroles ne doivent être regardées que comme servant d’occasion à un commentaire musical, ; celui-ci est en lui-même une œuvre indépendante, au lieu de n’être là en quelque sorte que pour rehausser le texte. II se borne à lui emprunter ce qu’il y a de général dans l’idée qu’il exprime ; à peu près comme fait la peinture quand elle tire ses sujets dans l’histoire sainte.


II. Maintenant, quel est le mode de conception propre à la musique et par lequel elle diffère des autres arts, soit qu’elle serve d’accompagnement à un texte, soit qu’elle reste indépendante 7 En d’autres termes, comment saisit-elle et exprime-t-elle son sujet particulier ? J’ai déjà dit précédemment que la musique, entre tous les arts, a la prérogative de pouvoir s’affranchir non-seulement de tout texte positif, mais de l’expression de quelque sujet déterminé que ce soit, pour se satisfaire simplement dans une succession complète en soi de combinaisons, de modulations, d’oppositions et d’harmonies qui appartiennent au domaine purement musical cal des sons. Mais alors la musique reste vide, inexpressive ; et comme le côté principal de tous 1es arts, le côté spirituel ou de l’expression lui manque, elle ne mérite pas encore, à proprement parler, ce nom. C’est seulement lorsque, dans l’élément sensible des sons et