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Page:Hegel - Système des beaux-arts, t. 2, trad. Bénard, 1860.djvu/39

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musique.

et se réunir de manière à produire un nombre infini de combinaisons, d’oppositions essentielles, de dissonances et d’harmonies. À ces oppositions et à ces accords, aux modes qu’ils affectent selon la mesure, la cadence, les transitions, à la manière dont ils débutent, se continuent, se combattent, se détruisent, etc., correspondent, dans un rapport plus ou moins intime, les divers mouvements, de l’âme, ainsi que telle pensée ou situation particulière qui ont pu s’emparer d’elle et l’absorbent. Par là les sons ainsi conçus et façonnés suivant les lois de l’art offrent une expression animée de ce qui est présent à l’esprit et des objets particuliers qui occupent sa pensée. Or, par sa nature, le son offre avec la pensée et la simplicité qui fait son essence une plus grande affinité que les matériaux sensibles employés jusqu’ici par les autres arts. C’est que le son, au lieu de s’immobiliser et d’affecter des formes étendues, d’offrir un tableau varié d’objets juxtaposés et disséminés dans l’espace, appartient au domaine idéal du temps, et que, par conséquent, chez lui, la distinction de l’intérieur et de l’extérieur, de l’invisible et du visible, de l’esprit et de la matière, s’efface. Il en est de même de la forme du sentiment, dont l’expression convient principalement à la musique. En effet, dans la perception sensible ou dans l’imagination, apparaît, comme dans la pensée réfléchie, précisément la distinction nécessaire. de l’esprit qui contemple ou imagine l’objet, et de l’objet contemplé, imaginé ou pensé ; tandis que, dans le sentiment, cette distinction est effacée, ou, pour mieux dire, elle n’est pas