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TROISIÈME PARTIE.

la représentation sensible des choses par des images visibles, pins il doit pénétrer ayant dans les secrets de l’expression artistique, suppléer à ce défaut par la profondeur et par la vivacité de la conception par la richesse de l’imagination. Par cela même que la parole est son mode d’expression^ il a sans cesse à côtoyer la prose et à éviter les autres formes de la pensée, religieuse, scientifique, morale, oratoire, historique. S’il veut conserver à la poésie et à son langage leur caractère propre, il lui faut rompre avec les habitudes de la pensée commune et de la réflexion.

Enfin, c’est au poète surtout qu’il est donné de descendre dans les profondeurs de l’âme et d’en dévoiler les mystères. Il expose d’ailleurs son sujet dans une plus vaste étendue. Dans ce tableau vivant de la vie humaine doit se refléter F univers entier, physique et moral.

U faut donc qu41 ait observé la nature et ses phénomènes, et surtout qu’il ait acquis une connaissance approfondie du cœur humain, qu’il ait enrichi son intelligence d’une multitude de formes et d’idées, qu’il se les soit assimilées et les ait transfigurées dans son imagination. Ici le talent inné, le génie, doivent s’être lentement développés par un long apprentissage de la vie et par la contemplation de la nature, contemplation calme et sereine qui convient mieux encore à la vieillesse qu’à l’ardeur bouillante des passions de la jeunesse. Aussi les œuvres les plus parfaites de la poésie, celles d’Homère, de Sophocle, de Milton, appartiennent à l’âge avancé de ces poètes ou même sont les productions de leur vieillesse.

II. Nous connaissons la nature de la poésie en général, et celle de la pensée poétique, les caractères qui distinguent