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s’était pas trouvée là, la mauvaise, je crois qu’on se serait tout de suite embrassé.

Et demain, de nouveau, je vais quitter la petite ville et reprendre ma vieille vie nomade  ; ma blonde fille me guettera de sa fenêtre et je lui enverrai des saluts d’amitié.


85

Déjà le soleil monte au dessus des montagnes ; le troupeau de moutons tintinnabule au loin ; mon aimée, mon agneau, mon soleil et ma joie, comme je voudrais te voir encore une fois !

Je regarde là-haut et me tiens l’œil au guet… Adieu ! mon enfant, je m’en vais ! Rien de fait ! Aucun rideau ne se soulève. Elle est encore au lit, endormie… et peut-être rêvant de moi.


86

À Halle sur le marché, on voit deux grands lions… Hélas ! pauvres lions de Halle, comme on vous a domestiqués !

À Halle sur le marché, on voit un grand géant. Il a une épée, mais jamais il ne bouge : il est pétrifié de frayeur.

À Halle sur le marché, on voit une grande église. La Burschenschaft et la Landsmannschaft y ont de l’espace pour leurs simagrées.[1]


87

Le crépuscule d’été descend sur la forêt et les vertes prairies ; du ciel bleu, la lune d’or illumine l’air embaumé.

Au bord d’un ruisseau le grillon chantonne, et dans l’eau quelque chose bouge ; le promeneur entend un clapotis et, dans le silence, un souffle.

  1. La Burschenschaft était une association générale des étudiants fondée, à la lueur des torches, sur les hauteurs de la Wartbourg (18 octobre 1817). Contre ses tendances réformatrices, les gouvernements ressuscitèrent les anciennes Landsmannschaften qui avaient été, à l’origine, des corporations d’étudiants originaires d’un même État allemand. (Note des éditeurs.)