« N’est-ce pas comme un écho de ces rêves de jeunesse que je faisais avec Chamisso, Brentano et Fouqué, dans les nuits bleues, aux rayons de la lune ?
« N’est-ce pas le tintement pieux de la chapelle perdue dans les bois ? et la cape de la folie n’y mêle-t-elle pas ses grelots moqueurs ?
« Au milieu du chœur des rossignols résonne lourdement la basse-taille des ours, sourde et grondeuse ; puis elle est remplacée par le chuchotement mystérieux des esprits.
« Délire conduit par la raison, sagesse qui déraisonne, soupirs d’agonie, qui soudain se changent en éclats de rire ! »
Oui, mon ami, ce sont des accords des temps passés ; mais le trille moderne se joue à travers les vieilles et fabuleuses mélodies.
En dépit de ma gaieté, çà et là tu sentiras les traces du découragement. Que ce poème s’abrite sous ton indulgence accoutumée !
Hélas ! c’est peut-être la dernière libre chanson de la muse romantique ! Elle se perdra dans le vacarme et les cris de guerre des Tyrtées du jour.
D’autres temps, d’autres oiseaux ! d’autres oiseaux, d’autres chansons ! Quel piaillement ! On dirait des oies qui ont sauvé le Capitole.
Quel ramage ! ce sont des moineaux avec des allumettes chimiques dans les serres qui se donnent des airs d’aigle portant la foudre de Jupiter.
Quel roucoulement ! ce sont des tourterelles lasses d’amour, qui veulent haïr et traîner dorénavant le char de Bellone au lieu de celui de Vénus !
D’autres temps, d’autres oiseaux ! d’autres oiseaux, d’autres chansons ! Elles me plairaient peut-être mieux, si j’avais d’autres oreilles.