Page:Heine - Œuvres de Henri Heine, 1910.djvu/80

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colorent de pourpre ; il sort de son rêve ; il s’émancipe, lui, le timide. Mais elle, espiègle et mutine, lui couvre gentiment la tête avec son voile blanc broché de diamants.

Tout-à-coup, le chevalier est transporté au fond des ondes, dans un palais de cristal. Il regarde, les yeux à demi aveuglés par la lumière qui l’inonde. L’ondine le presse sur son cœur ; il est l’époux, elle est l’épouse, et ses compagnes jouent de la cithare.

Elles jouent et elles chantent un air mélodieux, tandis qu’elles tournent en cadence. Le chevalier est sur le point de défaillir ; plus étroitement encore il enlace son aimée. — Mais voilà que les feux s’éteignent. Le chevalier se retrouve chez lui tout seul, dans sa pauvre petite chambre de poète.


1

Au splendide mois de mai, alors que tous les bourgeons rompaient l’écorce, l’amour s’épanouit dans mon cœur.

Au splendide mois de mai, alors que tous les oiseaux commençaient à chanter, j’ai confessé à ma toute belle mes vœux et mes tendres désirs.


2

De mes larmes naît une multitude de fleurs brillantes, et mes soupirs deviennent un chœur de rossignols.

Et si tu veux m’aimer, petite, toutes ces fleurs sont à toi, et devant ta fenêtre retentira le chant des rossignols.


3

Roses, lis, colombes, soleil, autrefois j’aimais tout cela avec délices ; maintenant je ne l’aime plus, je n’aime que toi, source de tout amour, et qui es à la fois pour moi la rose, le lis, la colombe et le soleil.


4

Quand je vois tes yeux, j’oublie mon mal et ma douleur, et, quand je baise ta bouche, je me sens guéri tout à fait.