Pourquoi les roses sont-elles si pâles, dis-moi, ma bien-aimée ? pourquoi ? Pourquoi, dans le vert gazon, les violettes sont-elles si flétries et si ennuyées ?
Pourquoi l’alouette chante-t-elle d’une voix si mélancolique dans l’air ? Pourquoi s’exhale-t-il des bosquets de jasmins une odeur funéraire ?
Pourquoi le soleil éclaire-t-il les prairies d’une lueur si chagrine et si froide ? Pourquoi toute la terre est-elle grise et morne comme une tombe ?
Pourquoi suis-je moi-même si malade et si triste, ma chère bien-aimée, dis-le-moi ? Oh ! dis-moi, chère bien-aimée de mon cœur, pourquoi m’as-tu abandonné ?
Ils ont beaucoup jasé sur mon compte et fait bien des plaintes ; mais ce qui réellement accablait mon âme, ils ne te l’ont pas dit.
Ils ont pris de grands airs et secoué gravement la tête ; ils m’ont appelé le diable, et tu as tout cru.
Cependant, le pire de tout, ils ne l’ont pas su ; ce qu’il y avait de pire et de plus stupide, je le tenais bien caché dans mon cœur.
Le tilleul fleurissait, le rossignol chantait, le soleil souriait d’un air gracieux ; tu m’embrassais alors, et ton bras était enlacé autour de moi ; alors tu me pressais sur ta poitrine agitée.
Les feuilles tombaient, le corbeau croassait, le soleil jetait sur nous des regards maussades ; alors nous nous disions froidement : « Adieu ! » et tu me faisais poliment la révérence la plus civile du monde.