Page:Heine - Poëmes et légendes, 1861.djvu/217

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Ils flairaient tout, fouillaient les chemises, les habits, les mouchoirs ; ils cherchaient à découvrir les dentelles, les bijouteries et les livres défendus.

Ah ! maîtres fous ! qui cherchez dans ma malle ! Ce n’est pas là que vous trouverez quelque chose. La contrebande que je porte avec moi, c’est dans ma tête que je la cache.

Là j’ai des dentelles qui sont plus magnifiques que tous les points de Bruxelles et de Malines : si jamais je les déballe, gare à vous, elles piquent.

Dans ma tête, je porte aussi des bijouteries, les insignes royaux de l’avenir, les vases sacrés du temple du nouveau dieu, du grand inconnu !

Et j’ai plus d’un livre aussi dans ma tête ! Je puis vous assurer qu’elle est un nid où gazouille toute une couvée de livres à confisquer.

Croyez-moi, il n’y en a pas de pire dans la bibliothèque de Satan. — Ils sont plus dangereux que ceux de ce pauvre lapin Hoffmann de Fallersleben.

Un voyageur, qui se trouvait près de moi, me fit remarquer que j’avais devant les yeux maintenant le Zollverein prussien, la grande chaîne des douanes.

Le Zollverein, disait-il, fondera notre nationalité ; c’est lui qui fera un tout compact de notre patrie morcelée.