Page:Heine - Poëmes et légendes, 1861.djvu/242

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qui as voulu racheter le monde, sauver les hommes ! Folie divine !

Ils t’ont rudement traité, messieurs du grand conseil de Jérusalem. Qui t’avait conseillé aussi de parler si librement de l’État et de l’Église ?

Pour ton malheur, l’imprimerie n’était pas encore inventée. Tu aurais écrit un livre sur le royaume des cieux ;

Le censeur aurait biffé ce qui a rapport à la terre, et dans sa bienveillance la censure te sauvait de la croix.

Ah ! si seulement tu eusses choisi un autre texte pour ta prédication de la montagne ! Tu avais certes assez de talent et d’esprit pour pouvoir voiler ta pensée, et tu as pu ménager les dévots !

Mais tu as été trop passionné, tu as chassé du temple avec un fouet les changeurs et les banquiers : malheureux Dieu ! te voilà cloué à la croix pour servir d’avertissement et d’exemple.


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Le vent est humide, le pays nu, la patache chancelle dans la boue. Pourtant je chante dans mon cœur : Soleil, flamme accusatrice !

C’est le refrain d’une vieille chanson que me chantait