soldats endormis et leur met à chacun un ducat dans ta poche.
Je le contemplai plein de surprise, alors il se mit à me dire en souriant : « Je leur donne à chacun un ducat pour solde tous les cent ans. »
Dans la salle où les chevaux se tenaient debout en longues et muettes rangées, l’empereur se frotta les mains ; il paraissait se réjouir singulièrement.
Il comptait les chevaux un à un et leur caressait les côtes. Il comptait et recomptait ; ses lèvres s’agitaient avec inquiétude et avec hâte.
« Ce n’est pas encore le nombre au juste, disait-il enfin tout chagrin ; j’ai assez d’armes et de soldats, mais ce sont les chevaux qui manquent.
« J’ai envoyé de tous côtés des maquignons qui achètent pour moi les meilleurs chevaux ; j’en ai déjà un bon nombre.
« J’attends que le nombre soit complet, et alors je frapperai, et je délivrerai ma patrie, mon peuple allemand qui m’attend avec fidélité. »
Ainsi parla l’empereur, mais je m’écriai : « Frappe, vieux compagnon ! frappe tout de suite, et si tu n’as pas assez de chevaux, prends des ânes à leur place. »