Page:Heine - Poëmes et légendes, 1861.djvu/252

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« Ton drapeau ne me plaît pas non plus. Les fous teutomanes, quand j’étais encore dans la Burschenschaft, m’ont gâté à tout jamais le goût de ces couleurs rouge, noire et or.

« Ce que tu as de mieux à faire, vieille ganache impériale, c’est de rester chez toi dans ton vieux Kiffhauser. — Plus je réfléchis, plus je crois que le peuple allemand peut se passer d’empereur. »


17

Je me suis querellé avec l’empereur, en rêve, bien entendu. À l’état de veille nous ne parlons pas aux princes avec autant d’indépendance.

Ce n’est qu’en rêvant, ce n’est qu’en songe idéal que l’Allemand ose leur exprimer sa franche opinion allemande, qu’il porte si profondément dans son cœur allemand.

Quand je me réveillai, nous passions près d’une forêt ; la vue des arbres effeuillés, de cette réalité nue et triste, chassa tout à fait mes rêves.

Les chênes secouaient sévèrement la tête ; leurs branches, comme autant de verges, me faisaient des signes d’avertissement, et je m’écriai : « Pardonne-moi, mon empereur bien-aimé !

« Pardonne-moi, ô Barberousse, ces paroles trop