Page:Heine - Poëmes et légendes, 1861.djvu/387

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Ainsi parla le roi. Le chambellan courut et revint, amenant le grand enfant de la Souabe, qui se mit à faire sa gauche révérence.

Le roi lui dit : N’es-tu pas un Souabe ? Ce n’est pas une honte. — Bien deviné ! dit le Souabe ; je suis ne dans le pays souabe.

— Descends-tu des fameux sept Souabes ? lui demanda le roi. — Je ne descends que d’un seul d’entre eux, répond le Souabe, mais non de tous les sept à la fois.

Le roi continue : Les nouilles souabes sont-elles bien venues cette année ? — Merci pour elles, dit le Souabe ; elles sont très-bien venues.

— Avez-vous encore de grands hommes dans votre pays ? dit le roi. — En ce moment, dit le Souabe, il n’y en a pas de grands ; il n’y en a que de gros.

— Menzel, ajoute le roi, a-t-il encore reçu beaucoup de soufflets ? — Merci pour lui, dit le Souabe ; il en a encore assez de ceux qu’il a reçus autrefois.

Le roi dit : Tu n’es pas aussi bête que tu en as l’air, mon ami. — Cela vient, dit le Souabe, de ce que les Kobolds m’ont changé en nourrice.

Le roi dit : Les Souabes aiment leur pays ; qui t’a décidé à quitter le foyer natal ?

Le Souabe répond : Je n’avais à manger tous les jours