Page:Heine - Poëmes et légendes, 1861.djvu/392

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de pain ; quant à eux, ils étaient enthousiasmés de ses mérites.

Ils disaient à sa louange qu’il n’avait jamais fait d’études dans les universités, et qu’il écrivait des livres tirés de son propre fonds, en mépris de toutes les facultés.

Oui, toute son ignorance, il l’avait acquise lui-même ; aucune culture académique, aucune science étrangère n’avait corrompu son cœur candide.

Son esprit aussi, sa pensée est demeurée complétement libre de l’influence de la philosophie abstraite. Il est resté lui-même. Cobès est un caractère !

Dans son œil niais brille toujours une larme absurde, et une épaisse sottise repose constamment sur sa lèvre.

Il bavarde et pleurniche, il pleurniche et bavarde. Toutes ses paroles ont de longues oreilles. Une femme enceinte qui l’avait entendu parler est accouchée d’un âne.

Il emploie ses heures de loisir à écrire des livres et à tricoter des bas. Les bas qu’il a tricotés ont obtenu un grand succès.

Apollon et les muses l’encouragent à se livrer tout entier au tricotage ; ils s’effraient chaque fois qu’ils lui voient une plume d’oie à la main.