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Page:Hello-Les Plateaux de la balance, Perrin, 1923.djvu/185

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pour ne penser qu’à celles des autres Il néglige, ruine, perd, sacrifie, méprise les dons qu’il a reçus, les dons qui sont à lui, pour adorer méchamment et pour adorer inutilement les dons des autres, et il les a d’autant moins qu’il affecte plus de les avoir. Plus il court après eux, plus ils fuient rapidement. À force d’être rusé, l’envieux devient rusé contre lui-même, on dirait un homme qui, ayant chez lui des titres de noblesse, allume un brasier pour brûler ceux de ses voisins, et ne brûle que les siens propres.

Regardez les hommes actuels : c’est une guerre si intime qu’on reconnaît avoir affaire à des frères, si profonde qu’on n’a pas besoin de la déclarer. Elle est déclarée spontanément, elle est déclarée d’office, entre tous ceux qui sont là, par cela seul qu’ils existent.

Il est bien entendu que j’admets les exceptions ; il n’y a pas de loi sans exception ; mais les exceptions ne confirment pas seulement la règle, comme on le dit généralement, elles la constatent, la démontrent et la parachèvent. L’exception est le couronnement de la loi, la loi qui n’aurait pas d’exception gênerait l’esprit humain qui refuserait même de la voir. L’exception est le génie de la loi, qui apparaît quand elle se cache. L’exception ressemble à la loi, comme un silence suréminent ressemble à la parole.

Regardez maintenant les classes sociales ; regardez les gouvernants et les gouvernés. Ce sont des lutteurs qui aspirent à prendre ou à