Page:Hello-Les Plateaux de la balance, Perrin, 1923.djvu/200

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dients que ce n’est pas le raisonnement qui la guide.

Elle est rouée et ne le paraît pas. Elle est rouée, et quelquefois elle ne le sait pas. Par moment elle joue la candeur. Elle ose, dans son audace, prendre le masque de la bonhomie. La chose du monde à laquelle elle est le plus contraire, c’est l’innocence. Et quelquefois elle joue à l’ingénuité. Elle est simple, bonne fille, candide. L’envieux est presque toujours ce qu’on appelle un camarade.

Le camarade est un homme léger. Quand un homme est léger, les autres hommes, dans leur erreur profonde, ne le croient pas méchant. La légèreté, cependant, c’est l’absence de cœur. La légèreté accompagne tous les vices et tous les crimes. Les grands scélérats sont quelquefois des hommes légers.

L’envieux est donc léger. Cette légèreté vient au secours de ses mensonges. Aux yeux des hommes sans intelligence, un homme si léger, un si bon enfant, un si bon camarade ne doit pas être un bien profond scélérat. Ils jouent sur le mot profond. Être un profond scélérat, ce n’est pas être un esprit profond, c’est être un coquin, léger et envieux. Le calomniateur n’a pas besoin d’être un grand homme pour être un grand misérable. Ce n’est pas son génie qui est profond, c’est la boue où il s’enfonce.

Mais l’insouciance, le sans-façon, la bonhomie un peu plaisante, le rire très naturel, la camaraderie, toutes ces choses bourgeoises