Page:Hello-Les Plateaux de la balance, Perrin, 1923.djvu/222

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t’abandonne à ta puissance : tu es le maître, fais tout ce qu’on peut faire quand je ne suis pas là. Je me retire sous ma tente. »

La tente d’Achille, c’est le temple de la divinité supérieure des Grecs : c’est le sanctuaire du Destin.

Achille, c’est le Destin.

Hector, c’est l’homme ; la famille d’Hector, c’est l’Humanité. La famille humaine apparaît, dans Homère, représentée par Andromaque ; dans un sourire d’elle, Homère a réuni les joies et les larmes : δακρυóεν γελάσα.

Mais le Destin sort de son immobilité pour écraser l’homme : Achille tue Hector.

Et Priam s’agenouille devant celui qui a les mains teintes du sang de son fils. L’Humanité demande grâce au Destin vainqueur.

Dans la tragédie grecque, c’est le Destin qui continue le rôle d’Achille ; c’est l’Humanité qui continue le rôle d’Hector ; c’est le chœur, qui envoyant ses conseils à la terre et ses prières au ciel, continue le rôle de Priam. La tragédie grecque converge vers la prière de Priam comme vers son sommet ou plutôt son centre, et ne l’atteint pas.

Dans l’Iliade, la puissance, l’élément divin appartiennent à la Grèce : l’humanité et la faiblesse sont du côté de Troie. L’ancienne Rome a voulu intervertir les situations : elle a mis les dieux entre les mains d’Énée. Mais Virgile était incapable même d’imiter Homère ; il a fait une parodie.