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Page:Hello-Les Plateaux de la balance, Perrin, 1923.djvu/274

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égarement, s’appelle la terre d’exil, l’erreur est satisfaite : peu lui importe la nature du sol, il suffit que vous soyez sur la terre d’exil. La hideuse unité de l’exil remplace à ses yeux l’unité de la patrie, l’unité de la cité habitable, l’unité de la ville aux douze portes, l’unité de Jérusalem. Fussent-ils perdus les uns pour les autres et dispersés à toutes les extrémités du monde, les exilés se tiennent par un côté, l’éloignement de Jérusalem.

L’éloignement de Jérusalem constitue un genre de rapprochement qui suffit à réjouir l’erreur. Considérées à ce point de vue, Babylone et Memphis se donnent la main.

L’histoire qui ne ment jamais, rend témoignage à cette loi des choses. Quand l’erreur, au comble de sa force, a précipité dans l’abîme Luther, Calvin et Zwingle, elle n’a pas pu les unir entre eux, les unir dans l’amour ; car elle n’a pas l’amour à sa disposition : on ne peut donner que ce qu’on possède. Aussi, elle leur a partagé son patrimoine ; elle a partagé entre eux la haine de l’Eglise catholique. Et elle s’est endormie sur ses lauriers, satisfaite d’avoir produit le genre d’unité qu’elle est capable de produire.

Son procédé est toujours le même. Nous voyons quelquefois, avec un étonnement irréfléchi, nous voyons les doctrines les plus contradictoires entre elles conclure une paix apparente et s’accorder contre nous.

Il y a, dans l’histoire des idées, des faits