la gloire vole, et son vol est une lutte, car la terre n’aime pas qu’on la domine : elle fournit le plomb pour tuer les oiseaux.
Le théâtre de la gloire, c’est le monde invisible. Le succès n’a rien à voir avec elle.
La réputation qui commence fait que vos rivaux parlent de vous et se disent : Prenons garde ; en voilà encore un !
La gloire qui commence laisse ceux qu’elle va renverser dans un calme extérieur absolu. Elle n’a rien de menaçant, du moins en apparence, pour personne. Ses ressources étant nulle, ses ennemis pensent qu’elle va mourir, sans qu’on se donne la peine de la tuer ; ils lui opposent un genre particulier de dédain, ce dédain de la médiocrité riche, qui dit en regardant le génie : je suis plus forte que toi, et ma place est déjà faite.
Et cependant le grain de sénevé germe et grandit. L’inquiétude de ses ennemis commencera bientôt ; les premières étincelles du soleil qui va se lever les tracassent dans leur sommeil, et ils ont le cauchemar.
Une réputation naissante cause aux rivaux du nouveau venu une certaine inquiétude extérieure, mais petite et médiocre, comme la situation : ils ne sentent qu’un rival. Une gloire naissante cause à ceux qui regardent une tranquillité extérieure absolue, car les moyens de succès sont quelquefois nuls ; mais s’ils descendaient au fond d’eux-mêmes, ils y trouveraient une crainte étrange, d’un genre à part, dont ils ne savent pas le nom,