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LETTRE

QU’UN DOCTEUR, HOMME TRÈS SÉRIEUX, DUT ÉCRIRE À CHRISTOPHE COLOMB AU MOMENT OÙ CELUI-CI S’EMBARQUAIT POUR L’AMÉRIQUE


J’apprends, mon jeune ami, que vous avez le projet de découvrir un nouveau monde, et je vous dirai sans détour que je ne vous en félicite pas. Votre projet me remplit d’alarme. Il dénote, je ne crains pas de vous le dire, un orgueil inconcevable. Comment ! Ne trouvez-vous pas la terre assez grande ? Voyez les hommes des temps passés. Ont-ils jamais songé à découvrir un continent nouveau ? Et vous, vous jeune homme, sans expérience, sans autorité, vous avez nourri cette folle ambition. Comment ! ni les conseils de tous vos vrais amis, ni les menaces de la destinée qui vous devient contraire, rien ne peut vous décider à vivre tranquillement en Europe, comme chacun de nous. Vous vous noyez donc bien au-dessus des autres hommes, puisque ce qui leur suffit ne vous suffit pas ? Tous les gens éclairés vous le diront, mon jeune ami, votre orgueil vous perdra.

Je suis d’autant plus chagriné de votre fâcheux entêtement que j’ai toujours eu