Page:Hello-Les Plateaux de la balance, Perrin, 1923.djvu/357

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livre de génie, donnent la mort à toute la postérité qu’aurait cet acte et qu’aurait ce livre. Comptez toutes les grandes pensées, comptez tous les sentiments généreux, qui peuvent naître d’une œuvre de génie.

Vous qui encouragez le génie, vous êtes le père de cette sublime postérité.

Vous qui découragez le génie, vous êtes l’homicide de toutes les âmes qui auront besoin de lui dans le présent et dans l’avenir. Vous égorgez tous les aigles qui l’attendaient pour ouvrir leur ailes ; vous égorgerez toutes les colombes qui attendaient son souffle pour savoir de quel côté diriger leurs soupirs !

Qui pourra suivre cette traînée de sang à travers les âges ?

Qui pourra compter les actions de grâces étouffées avant de naître ?

Qui pourra scruter la chair et le sang de l’homme de génie pour découvrir, dans cette autopsie, les traces sanglantes de l’injustice ?

Qui pourra mesurer les coups ?

Mesurer les contre-coups ?

Mesurer les échos des uns et des autres ?

Quand un blasphème s’élève sur la terre, partant d’où l’adoration devait partir, qui sait si ce remplacement épouvantable ne résulte pas d’une injustice autrefois commise envers l’homme qui devait allumer là le feu de l’Adoration ?

L’injustice a tué cet homme, et là où l’adoration devait mûrir, c’est le blasphème qui a germé.