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SECTION IX, CHAP. VIII.

les eaux, séparées au point du contact, forment un cercle bientôt enfermé dans un plus grand, qui lui-même est environné de cercles plus spacieux, lesquels, s’agrandissant de moment en moment, vont enfin se briser sur la rive. C’est de cercles en cercles qu’une vérité morale, s’étendant aux différentes classes des citoyens, parvient enfin à la connoissance de tous ceux qui n’ont point intérêt de la rejeter.

Pour établir cette vérité, il suffit que le puissant ne s’oppose point à sa promulgation ; et c’est en ceci que la vérité differe de l’erreur : c’est par la violence que cette derniere se propage : c’est la force en main qu’on a prouvé presque toutes les religions, et c’est ce qui les a rendues les fléaux du monde moral.

La vérité sans la force s’établit sans doute lentement ; mais elle s’établit