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SECTION IX, CHAP. XII.

odieuse qu’à ces imposteurs qui, trop souvent écoutés des princes, leur présentent le peuple éclairé comme factieux, et le peuple abruti comme docile.

Qu’apprend au contraire l’expérience ? que toute nation instruite est sourde aux vaines déclamations du fanatisme, et que l’injustice la révolte. C’est lorsqu’on me dépouille de la propriété de mes biens, de ma vie et de ma liberté, que je m’irrite ; c’est alors que l’esclave s’arme contre le maître. La vérité n’a pour ennemis que les ennemis mêmes du bien public : les méchants s’opposent seuls à sa promulgation.

C’est peu de montrer que la vérité est utile, que l’homme la doit à l’homme, et que la presse doit être libre ; il faut de plus indiquer les maux qu’engendre dans les empires l’indifférence pour la vérité.