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DE L’HOMME,

Quiconque regarde l’ignorance comme favorable au gouvernement, et l’erreur comme utile, en méconnoît les productions : il n’a point consulté l’histoire : il ignore qu’une erreur, utile pour le moment, ne devient que trop souvent le germe des plus grandes calamités. Un nuage blanc s’est-il élevé au-dessus des montagnes, c’est le voyageur expérimenté qui seul y découvre l’annonce de l’ouragan : il se hâte vers la couchée ; il sait que, s’abaissant du sommet des monts, ce nuage, étendu sur la plaine, voilera bientôt de la nuit affreuse des tempêtes ce ciel pur et serein qui lui encore sur sa tête.

L’erreur est ce nuage blanc où peu d’hommes apperçoivent les malheurs dont il est l’annonce. Ces malheurs, cachés au stupide, sont prévus du sage : il sait qu’une seule erreur peut