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DE L’HOMME,

Une décision juste suppose indifférence pour la chose qu’on juge[1], et le desir de la bien juger. Or, dans l’état actuel des sociétés, peu d’hommes éprouvent ce double sentiment

    et aussi rapidement à ma mémoire que le préjugé lui-même. Or c’est l’œuvre du temps, et quelquefois d’un très long temps. Jusqu’à ce temps, je tremble la nuit au seul nom de spectre et de sorcier. C’est un fait prouvé par l’expérience.

  1. Pourquoi l’étranger est-il meilleur juge des beautés d’un nouvel ouvrage que les nationaux ? C’est que l’indifférence dicte le jugement du premier, et qu’au moins dans le premier moment l’envie et le préjugé dictent celui des seconds. Ce n’est pas que parmi ces derniers il ne s’en trouve qui mettent de l’orgueil à bien juger ; mais il sont en trop petit nombre pour que leur jugement ait d’abord aucune influence sur celui du public.