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SECTION VIII, CHAP. XIV.

idées. Celle de la terreur s’associe toujours dans la mémoire à l’idée de force et de puissance. Elle s’y unit comme l’idée de l’effet à l’idée de sa cause. Suis-je favori d’un roi ou d’une fée ? ma tendre, ma respectueuse amitié est toujours mêlée de quelque crainte ; et, dans le bien qu’ils me font, j’apperçois toujours le mal qu’ils peuvent me faire.

Si le sentiment de la douleur est le plus vif, et si c’est à l’impression la plus vive, lorsqu’elle n’est pas trop pénible, qu’on donne le nom de sublime, il faut, comme l’expérience le prouve, que la sensation du sublime renferme toujours celle d’une terreur commencée. C’est ce qui différencie de la maniere la plus nette le sublime du beau.