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SECTION VIII, CHAP. XXII.

fortune suffit à la félicité d’un citoyen laborieux. Sa vie, uniforme et simple, s’écoule sans orage. Ce n’est point sur la tombe de Crésus[1], mais sur celle de Baucis, qu’on grava cette épitaphe :

Sa mort fut le soir d’un beau jour.

  1. Si la félicité étoit toujours compagne du pouvoir, quel homme eût été plus heureux que le calife Abdoulrahman ? Cepentant telle fut l’inscription qu’il fit graver sur sa tombe : « Honneurs, richesses, puissance souveraine, j’ai joui de tout. Estimé et craint des princes mes contemporains, ils ont envié mon bonheur, ils ont été jaloux de ma gloire, ils ont recherché mon amitié. J’ai, dans le cours de ma vie, exactement marqué tous les jours où j’ai goûté un plaisir pur et véritable; et, dans un regne de cinquante année, je n’en ai compté que quatorze. »