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DE L’HOMME,

rageux, n’est-il pas aussi des nations cultivatrices ? Oui ; parceque l’existence des peuples voleurs suppose celle des peuples riches et volables. Les premiers sont peu nombreux, parcequ’il faut beaucoup de moutons pour nourrir peu de loups, parceque des peuples voleurs habitent des montagnes stériles et inaccessibles, et ne peuvent que dans de semblables retraites résister à la puissance d’une nation nombreuse et cultivatrice. Or, s’il est vrai qu’en général les hommes soient pirates et voleurs toutes les fois que la position physique de leur pays leur permet de l’être impunément, l’amour du vol leur est donc naturel. Sur quoi cet amour est-il fondé ? Sur la paresse, c’est-à-dire sur l’envie d’obtenir avec le moins de peine possible l’objet de leurs desirs.