Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 13.djvu/27

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Empressé de jouir, il ne jouit jamais
Que du plaisir grossier des besoins satisfaits.
Son imbécillité croît avec sa richesse.
Ne t’en étonne point, ajouta la Sagesse ;
Vil jouet des objets dont il est entouré,
Tout homme à l’ignorance en naissant est livré.
Du don de la pensée a-t-il fait peu d’usage ?
Dans son orgueil jaloux s’éloigne-t-il du sage ?
À la caducité parvenu sans talent,
Son corps est d’un vieillard, son esprit d’un enfant.
Rien ne chasse l’ennui de son ame inquiète.
Sous ses lambris dorés que fait-il ? Il végete.
De quelque éclat, mon fils, dont l’or frappe les yeux,
Son possesseur avide est rarement heureux.
Il a peu de vertus. Fastueux, souple et traître,
Tyran avec l’esclave, esclave avec le maître ;
Comme l’ambitieux, jaloux de ses rivaux,
Sans avoir ses talents le riche à ses défauts.
L’un paroît a nos yeux toujours près de sa chûte :
L’autre est aux coups du sort peut-être moins en butte ;
Mais, aux fameux revers s’il est moins exposé,
Plus envie du peuple, il est plus méprisé.
Les dangers que l’on brave ennoblissent les crimes.
Tous les ambitieux passent pour magnanimes.