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leur esprit doit être regardée comme l’effet de l’extrême étendue de leur mémoire.

Si l’on jette d’abord les yeux sur Locke, et si l’on suppose qu’éclairé par une idée heureuse, ou par la lecture d’Aristote, de Gassendi, ou de Montaigne, ce philosophe ait apperçu dans les sens l’origine commune de toutes nos idées, on sentira que, pour déduire tout son systême de cette premiere idée, il lui falloit moins d’étendue dans la mémoire que d’opiniâtreté dans la méditation ; que la mémoire la moins étendue suffisoit pour contenir tous les objets de la comparaison desquels devoit résulter la certitude de ses principes, pour lui en développer l’enchaînement, et lui faire par conséquent mériter et obtenir le titre de grand esprit.

À l’égard de Milton, si je le regarde