Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 3.djvu/204

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dit que, pour perfectionner son esprit, il falloit moins apprendre que méditer. D’où je conclus que non seulement le très grand esprit ne suppose pas la très grande mémoire, mais que l’extrême étendue de l’un est toujours exclusive de l’extrême étendue de l’autre.

Pour terminer ce chapitre, et prouver que ce n’est point à l’inégale étendue de la mémoire qu’on doit attribuer la force inégale des esprits, il ne me reste plus qu’à montrer que les hommes communément bien organisés sont tous doués d’une étendue de mémoire suffisante pour s’élever aux plus hautes idées. Tout homme en effet est à cet égard assez favorisé de la nature, si le magasin de sa mémoire est capable de contenir un nombre d’idées ou de faits tel qu’en les comparant sans cesse entre eux il puisse