Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 3.djvu/25

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d’ailleurs nous ne sommes plus asservis aux mêmes préjugés, il est évident qu’en consultant pareillement notre intérêt nous ne devons voir qu’avec indifférence la peinture d’une passion qui, loin de maintenir la paix et l’harmonie dans la société, n’y occasionneroit que des désordres et des cruautés inutiles. Pourquoi des tragédies pleines de ces sentiments mâles et courageux qu’inspire l’amour de la patrie ne feroient-elles plus sur nous que des impressions légeres ? C’est qu’il est très rare que les peuples allient une certaine espece de courage et de vertu avec l’extrême soumission ; c’est que les Romains devinrent bas et vils sitôt qu’ils eurent un maître ; et qu’enfin, comme dit Homere,

L’affreux instant qui met un homme libre aux fers
Lui ravit la moitié de sa vertu premiere.


D’où je conclus que les siecles de li-