Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 3.djvu/279

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dans les occasions délicates, ce sont elles seules qui, volant au secours des grands hommes, peuvent leur inspirer ce qu’il y a de mieux à dire et à faire.

Qu’on se rappelle à ce sujet la célebre et courte harangue d’Annibal à ses soldats le jour de la bataille du Tesin ; et l’on sentira que sa haine pour les Romains et sa passion pour la gloire pouvoient seules la lui inspirer : « Compagnons, leur dit-il, le ciel m’annonce la victoire. C’est aux Romains, non à vous, de trembler. Jetez les yeux sur ce champ de bataille ; nulle retraite ici pour les lâches : nous périssons tous si nous sommes vaincus. Quel gage plus certain du triomphe ? Quel signe plus sensible de la protection des dieux ? ils nous ont placés entre la victoire et la mort. »