Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 3.djvu/78

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noissance pour les immortels, allons au temple en rendre graces aux dieux. Cette fable est l’histoire de la vanité humaine. Tout peuple admire ses défauts, et méprise les qualités contraires : pour réussir dans un pays, il faut être porteur de la bosse de la nation chez laquelle on voyage.

Il est dans chaque pays peu d’avocats qui plaident la cause des nations voisines, et peu d’hommes qui reconnoissent en eux le ridicule dont ils accusent l’étranger, et qui prennent exemple sur je ne sais quel Tartare qui fit à ce sujet adroitement rougir le grand lama lui-même de son injustice.

Ce Tartare avoit parcouru le Nord, visité le pays des Lappons, et même acheté du vent de leurs sorciers[1].

  1. Les Lappons ont des sorciers qui vendent aux voyageurs des cordelettes