Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 5.djvu/175

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être d’autant plus attentif à rendre son idée par un tour et une expression simple et naturelle, que cette

    il faut toujours jeter quelques nuages sur ses pensées. Flattés de percer ce nuage impénétrable au commun des lecteurs, et d’appercevoir une vérité à travers l’obscurité de l’expression, mille gens louent avec d’autant plus d’enthousiasme cette manière d’écrire, que, sous prétexte de faire l’éloge de l’auteur, ils font celui de leur pénétration. Ce fait est certain. Mais je soutiens qu’on doit dédaigner de pareils éloges, et résister au desir de les mériter. Une pensée est-elle finement exprimée ? il est d’abord peu de gens qui l’entendent ; mais enfin elle est généralement entendue. Or, dès qu’on a deviné l’énigme de l’expression, cette pensée est par les gens d’esprit réduite à sa valeur intrinseque, et mise fort au-dessous de cette même valeur par les gens médiocres. Honteux de leur peu de