Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 5.djvu/243

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sort la médisance[1]. Rappelez-vous qu’indifférent aux ridicules d’un par-

  1. L’un médit parcequ’il est ignorant et oisif ; l’autre parcequ’ennuyé, bavard, plein d’humeur, et choqué des moindres défauts, il est habituellement malheureux : c’est à son humeur plus qu’à son esprit qu’il doit ses bons mots. Facit indignatio versum. Un troisieme est né atrabilaire ; il médit des hommes parcequ’il ne voit en eux que des ennemis : eh ! quelle douleur de vivre perpétuellement avec les objets de sa haine ! Celui-ci met de l’orgueil à n’être point dupe ; il ne voit dans les hommes que des scélérats ou des frippons déguisés ; il le dit, et souvent il dit vrai : mais enfin il se trompe quelquefois. Or je demande si l’on n’est pas également dupe, soit qu’on prenne le vice pour la vertu, ou la vertu pour le vice. L’âge heureux est celui où l’on est la dupe de ses amis et de ses maîtresses. Malheur à celui dont la prudence n’est