Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 5.djvu/56

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moins de mettre par la force des armes toute une nation à-la-fois dans les fers, ce n’est qu’après une longue suite de siecles, et par des tentatives insensibles, mais continues, que les tyrans peuvent étouffer dans les cœurs l’amour vertueux que tous les hommes ont naturellement pour la liberté, et avilir assez les ames pour les plier à l’esclavage. Une fois parvenu à ce terme, un peuple devient incapable d’aucun acte de générosité[1]. Si les

  1. Dans ces pays, la magnanimité ne triomphe point de la vengeance. On ne verra point en Turquie ce qu’on a vu il y a quelques années en Angleterre. Le prince Édouard, poursuivi par les troupes du roi, trouve un asyle dans la maison d’un seigneur. Ce seigneur est accusé d’avoir donné retraite au prétendant : on le cite devant les juges ; il s’y présente, et leur dit : « Souffrez qu’avant de subir l’inter-