Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 5.djvu/69

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orateurs à s’exercer sur de petits sujets[1], le despotisme n’ait tari les sources de l’éloquence ? Sa force consiste principalement dans la grandeur des sujets qu’elle traite. Supposons qu’il fallût autant d’esprit pour écrire le panégyrique de Trajan que pour composer les Catilinaires : dans cette hypothese même, je dis que, par le choix de son sujet, Pline seroit resté fort inférieur à Cicéron. Ce dernier ayant à tirer les Romains de l’assoupissement où Catilina vouloit les surprendre, il avoit à réveiller en eux

  1. L’air de liberté que Tacite respira dans sa premiere jeunesse, sous le regne de Vespasien, donna du ressort à son âme. Il devint, dit M. l’abbé de la Bletterie, un homme de génie ; et il n’eût été qu’un homme d’esprit s’il fût entré dans le monde sous le regne de Néron.