Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 6.djvu/14

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les peuples, les ministres, et même les grands hommes, se prosterner quelquefois aux pieds des idoles et montrer pour des fables ridicules la vénération la plus profonde ? Comment, en parcourant les voyages, n’est-on pas étonné d’y voir l’existence des sorciers et des magiciens aussi généralement reconnue que l’existence de Dieu, et passer chez la plupart des nations pour aussi démontrée ? Par quelle raison enfin des absurdités différentes, mais également ridicules, ne feroient-elles pas sur nous la même impression ? C’est qu’on se moque volontiers d’une bêtise dont on se croit exempt, c’est que personne ne répete, d’après le villageois, le présent pont est fait ici, et qu’il n’en est pas ainsi lorsqu’il s’agit d’une pieuse absurdité. Personne ne se croyant tout-à-fait à l’abri de l’ignorance qui la produit,