Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 6.djvu/165

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pur, la terre est jonchée de fleurs, les zéphyrs agitent doucement de leur souffle la cime des forêts odorantes ; il voit les ruisseaux, par mille arcs argentés, couper la verdure trop uniforme des prairies, les arts et la nature s’unir pour décorer les villes et les campagnes : tout y semble fait pour le plaisir des yeux et l’ivresse des sens. Peut-on douter que de ces deux poëtes le dernier ne trace des tableaux plus agréables, et le premier des tableaux plus fiers et plus effrayants ? Cependant ni l’un ni l’autre de ces poëtes ne composeront de ces tableaux s’ils ne sont animés d’une passion forte pour la gloire.

Les objets que le hasard et l’éducation placent dans notre mémoire sont à la vérité la matiere premiere de l’esprit, mais cette matiere y reste morte et sans action jusqu’au moment où