Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 6.djvu/39

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à ses yeux sous l’apparence du zele[1], en font le persécuteur des hommes

    les vices à nos yeux se transforment en autant de vertus. L’on prend en soi le desir des grandeurs pour l’élévation dans l’ame, l’avarice pour économie, la médisance pour amour de la vérité, et l’humeur pour un zele louable : aussi la plupart de ces passions s’allient-elles communément avec la bigoterie.

  1. Ceux des théologiens qui croyoient les papes en droit de disposer des trônes s’imaginoient aussi être animés du pur zèle de la religion. Ils n’appercevoient pas qu’un motif secret d’ambition se mêloit à la sainteté de leurs intentions ; que l’unique moyen de commander aux rois étoit de consacrer l’opinion qui donnoit au pape le droit de les déposer pour cas d’hérésie. Or, les ecclésiastiques étant les seuls juges de l’hérésie, la cour de Rome, dit l’abbé de Longuerue, en faisoit trouver à son gré dans tous les princes qui lui déplaisoient.