Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 6.djvu/46

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gâteau qu’il jette dans la gueule de Cerbere. Qui sait si, pour appaiser la haine de ses contemporains, le mérite ne doit pas aussi jeter dans la gueule de l’envie le gâteau d’un ridicule ? La prudence l’exige, et même l’humanité l’ordonne. S’il naissoit un homme parfait, il devroit toujours par quelques grandes sottises adoucir la haine de ses concitoyens. Il est vrai qu’à cet égard on peut s’en fier à la nature, et qu’elle a pourvu chaque homme de la dose de défauts suffisante pour le rendre supportable.

Une preuve certaine que c’est l’envie qui, sous le nom de justice, se déchaîne contre les ridicules des gens d’esprit, c’est que toute singularité ne nous blesse point en eux. Une singularité grossiere, et qui flatte, par exemple, la vanité de l’homme médiocre, en lui faisant appercevoir dans