Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 6.djvu/50

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de Lorraine donnoit un grand repas à toute sa cour ; on avoit servi le souper dans un vestibule, et ce vestibule donnoit sur un parterre. Au milieu du souper, une femme croit voir une araignée ; la peur la saisit, elle pousse un cri, quitte la table, fuit dans le jardin, et tombe sur un gazon. Au moment de sa chûte elle entend rouler quelqu’un à ses côtés ; c’étoit le premier ministre du duc : Ah ! monsieur,

    sert à cet égard de préservatif. Parmi les gens de lettres il en est peu dont la probité ne soit constatée par quelque acte de vertu. Mais, en les supposant même aussi frippons que les sots, les qualités de l’esprit peuvent du moins compenser en eux les vices du cœur ; mais le sot n’offre aucun dédommagement. Pourquoi donc fuir les gens d’esprit ? C’est que leur présence humilie, et qu’on prend en soi pour amour de la vertu ce qui n’est l’aversion pour les hommes supérieurs.